Peintre fidèle des moeurs villageoises, on a pu , à son époque, surnommer Dancourt le Téniers de la comédie. Il est auusi décrit comme à l'affut des petits scandales quotidiens, puisant dans l'actualité les personnages et les sujets de ses pièces.
Dans sa prose particulière, l'écrivain Arsène Houssaye, qui fut administrateur de la Comédie française, présente ainsi Dancourt dans sa fiction Histoire du 41ème fauteuil :" Dancourt est avant tout un historien, l'historien sans prétention d'une société sans histoire. Dans ses comédies, la Régence se montre le sein nu comme la duchesse de Berry sortant des bras de Riom, toute barbouillée encore des ivresses de la nuit. En ce moment où la France n'avait plus d'argent, tout le monde payait. La duchesse de Berry payait Riom, qui payait une fille D'Opéra, qui payait un capitaine. Quand le comte de Horn n'était plus payé et n'avait plus de quoi payer, il assassinait rue Quincampoix. Quand Law était couronné par la banqueroute, il allait tenir un brelan à Venise. Le Chevalier à la mode est la gravure ineffaçable, on pourrait dire la marque flétrissante de cette époque où M. de Lauzun instruisait son neveu dans l'art de bastonner les filles de France, où Voltaire se faisait pardonner son couplet sur la fille de Loth par un refrain sur Sodome (...) où Dubois se faisait sacrer cardinal au sortir de chez la Fillion, où l'abbé de Gange assasinait sa soeur, parce que sa soeur était moins apprivoisée que madame la duchesse du Maine avec M. le duc de Bourbon.
Et pourtant Dancourt n'était pas un Saint-Simon ou un Gilbert. Son oeuvre n'est pas indignée : mais n'est-elle pas plus terrible dans le cynisme de sa naïveté ?
Image: Watteau, Les deux cousines.
En 1716 , inspiré par la pièce de Dancourt- chose vue à la Foire- intitulée Les trois cousines, Watteau peint Les deux cousines .
Né comédien-gentillhomme, il ne trouvait dans ce Pandémonium qu'un prétexte à la comédie (...) Il y avait deux hommes dans Molière : celui qui ne raillait pas seulement pour le plaisir de se moquer, mais pour flétrir ; celui qui riait çà et là d'un franc éclat pour se reposer de la vie.
Dancourt n'a été que l'écho de cet éclat de rire, mais c'est déjà quelque chose. Voltaire disait de lui : " Ce que Regnard était à l'égard de Molière dans la haute comédie, le comédien Dancourt l'était dans la farce." Il y a un peu d'injustice dans ce jugement ; car, sans trop s'en douter, j'imagine, Dancourt, dans ses peintures bouffonnes, s'est parfois élevé jusqu'à la vraie comédie par quelque beau trait de gaieté philosophique .
(...)Comme David Teniers et Van Ostade, Dancourt, tout à la fois comédien et faiseur de comédies, a su peindre, soit dans son jeu, soit dans ses pièces, la vérité avec je ne sais quoi d'accentué dans le trait et la couleur qui nous frappe et nous plait plus que la vérité elle-même."
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