Dans Le Rire de Molière, ¹ Michael Edwards indique le cheminement qui l'a conduit à écrire cet ouvrage : " Étudiant Molière à Cambridge, j'étais étonné de trouver qu'il ne ressemblait pas (...) au Molière que l'on enseignait et qui paraissait dans les nombreux livres de critique que je compulsais. (...)
Je me perdais dans les profondeurs très variées des «grandes» pièces, au-delà de toute satire, de toute «comédie de mœurs» ou « de caractère», notant, ici, la beauté poétique de l'écriture, ou, là, le fait que dans le Misanthrope, le « raisonneur» Philinte n'a pas moins tort qu'Alceste et qu'il est tout aussi risible. "
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Hors des classifications traditionnelles l'essayiste affirme sa liberté de jugement.
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Quelques lignes de la quatrième de couverture résument l'une de ses idées principales : " Un constat s'impose : on a tiré Molière du côté du drame, on l'a joué comme Ibsen ou Tchekov, dans l'idée, peur-être, que la gravité, la tristesse et la mélancolie constituaient un label suprême de qualité. "
Pour faire image, ainsi montrés, ces habits neufs semblent recouvrir un ancien corps de doctrine qui remonte au 18e siècle, période qui vit prendre essor la comédie dite sérieuse, sous l'impulsion d'auteurs dramatiques, tels, Philippe Néricault Destouches, La Chaussée , Diderot , annonçant le drame bourgeois.
Pour la période romantique, M. Edwards, relève ces vers d' Alfred de Musset, assistant à une représentation du Misanthrope, ² ( 1840- Une soirée perdue). "Quelle mâle gaîté si triste et si profonde,/Que, lorsqu'on vient d'en rire, on devrait en pleurer ! "
Le poète s'autocritique pour avoir ri quand il aurait dû pleurer ; non pas qu'il fût tellement sensible, mais déjà s'installe, dans la négation du rire, la légitimité culturelle
de la haute comédie chez Molière.
Attitude paradoxale, si l'on connait , par ailleurs, le génie d'auteur dramatique de Musset, dans la lignée de Marivaux, pour certaines pièces.
Quoi qu'il en soit, les mises en scènes contemporaines allant jusqu'à l'affirmation du tragique en matière de comédie, demandent plus à être comprises que jugées, et les observations historiques, à cet égard, ne sont peut-être pas inutiles.
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Un autre aspect de l'ouvrage porte sur le lien entre la littérature et la musique. Lors des comédies ballets, Michael Edwards souhaiterait entendre de nouveau la musique de Lully. Cette intention tient à l'idée même du livre, celle du rire avec, à quoi la musique devrait contribuer pleinement, apportant au théâtre de Molière un climat de féérie quasi shakespearienne. On ne peut que le souhaiter.
L'expérience a été tentée à l'occasion du deuxième centenaire de la Comédie française, et selon les témoignages, la surcharge lullyste a eu surtout pour effet de ralentir le spectacle. Entre restitution et modernité, il reste à trouver la juste mesure.
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